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Crise La France plaide pour un forum mondial sur l'alimentation

Le ministre français de l'Agriculture, Michel Barnier, a plaidé lundi à Barcelone (nord-est) pour la création d'un "forum mondial" face aux défis de la crise de l'alimentation et de l'agriculture.

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"J'ai évoqué l'idée qu'on devrait créer, comme une leçon de cette crise, un forum mondial sur les questions d'alimentation et d'agriculture", a déclaré M. Barnier lors d'un entretien téléphonique avec l'AFP, en marge d'une conférence sur la Culture alimentaire et la diversité dans les pays méditerranéens. "Les émeutes de la faim, et un jour on le sait, les émeutes de l'eau, deviennent des sujets de sécurité" qui "ne se résument pas" aux discussions en cours à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), a-t-il souligné. Cette crise met en exergue la nécessité de "politiques plus structurelles et de remettre l'agriculture en tête de l'agenda international du développement et de la coopération", a ajouté M. Barnier.

Le ministre français a jugé nécessaire de conjuguer les efforts menés séparément par les pays, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, l'OMC ou l'Organisation de l'ONU pour l'agriculture et l'alimentation (FAO). "On travaille tous sur comment relever le défi de l'insécurité alimentaire. On parle d'un sujet vital, l'alimentation de la population. Il faudra bien en débattre ensemble autour de la même table", a-t-il déclaré. M. Barnier plaide pour une réflexion sur la mise en place de "politiques régionales agricoles" permettant à certains pays de "construire ou reconstruire une agriculture vivrière", ainsi que sur le "partage des terres entre leur usage à des fins alimentaires et l'usage énergétique".

Il a cité l'exemple du Sénégal qui est en train avec l'aide de l'Inde de "reconstruire son économie rizicole alors que l'importation de riz pour nourrir le peuple sénégalais représente 2,5 points de croissance du pays". "Les pays du Maghreb, d'Afrique de l'ouest et de l'est, d'Amérique latine, pourraient mutualiser leurs politiques nationales agricoles plutôt que d'affronter la mondialisation chacun chez soi et chacun pour soi", a ajouté M. Barnier. Le ministre français estime que l'UE "n'a pas à donner de leçons", mais que la Politique agricole commune (PAC) "est une expérience utilisable dans d'autres régions, en tenant compte des nouveaux défis d'aujourd'hui qui sont, au delà de la production, le développement durable, l'usage modéré des produits phytosanitaires, la gestion économe de l'eau et la protection sanitaire".

Sur les biocarburants, dont l'augmentation de la production, explique en partie la flambée des prix alimentaires, il a estimé que l'UE avait "une politique raisonnable, avec une proportion de 7% des terres cultivées à l'horizon 2010 pour les biocarburants". "Mais il y a des pays comme les USA ou le Brésil où l'engagement pour les biocarburants est beaucoup plus massif. Cette question, on ne peut pas l'aborder chacun chez soi chacun pour soi", a-t-il estimé.

Les prix des denrées alimentaires ont pratiquement doublé dans le monde en l'espace de trois ans selon la Banque mondiale, provoquant émeutes et manifestations dans de nombreux pays et des restrictions des exportations de plusieurs producteurs, dont le Brésil, le Vietnam, l'Inde et l'Egypte. Parmi les explications figurent le développement des biocarburants, les barrières commerciales, une demande croissante venue d'Asie sur fond de modifications des habitudes alimentaires, la faiblesse des récoltes et les cours du pétrole, qui pèsent sur le prix des transports.

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